Rubriques : art et photographie; langage et photographie
Toute photographie est le résultat d'une empreinte physique qui a été transférée sur une surface sensible par les réflexions de la lumière. La photographie est donc le type d'icône ou de représentation visuelle qui a avec son objet une relation indicielle. Ce qui la distingue de la véritable icône, c'est le caractère absolu de cette genèse physique, une genèse qui semble court-circuiter ou refuser les processus de schématisation ou de médiation symbolique qui opèrent dans les représentations graphiques de la plupart des peintures. Si le symbolique fait son chemin dans l'art pictural à travers la conscience humaine qui opère derrière les formes de représentation, établissant une connexion entre les objets et leur signification, ce n'est pas le cas de la photographie. Son pouvoir participe de celui de l'index. Dans son article "l'ontologie de l'image photographique", André Bazin décrit le statut indiciel de la photographie:
"Aussi la peinture n'est-elle plus du même coup qu'une technique inférieure de la ressemblance, un ersatz des procédés de reproduction. L'objectif seul nous donne de l'objet une image capable de "défouler", du fond de notre inconscient, ce besoin de substituer à l'objet mieux qu'un décalque approximatif: cet objet lui-même, mais libéré des contingences temporelles. L'image peut être floue, déformée, décolorée, sans valeur documentaire, elle procède par sa genèse de l'ontologie du modèle; elle est le modèle."
Quel que soit d'autre part son pouvoir, la photographie peut être appelée sub-ou pré-symbolique, laissant le langage de l'art retourner à l'imposition directe des choses.
Rosalind Krauss, "Notes sur l'index", L'originalité de l'avant-garde et autres mythes modernistes, Macula, 1993.
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