Blog proposé par Jean-Louis Bec

samedi 27 août 2011

Triple sauts arrière


Rubrique : lecture de photographies; art et photographie


L'exhortation sensorielle qu'offre l'oeuvre d'art est fulgurance. Plus prompte que les autres rencontres avec le dehors, elle commence même là où les autres terminent: d'abord vient l'illusion, une vague de sentiments, ensuite l'intellection, le rivage se montre. Proust dit cela pour la marquise de Sévigné: "Elle ne présente pas les choses dans l'ordre logique, causal, elle montre d'abord l'illusion qui nous frappe". L'oeuvre d'art renverse l'ordre de l'information, la poussée est immédiate, première, plénière, là avant, là première, presque vierge de sens. Voir à l'envers...
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La pensée implique que le monde soit pensé. Mais peut-il être réellement l'être? L'approche du monde par l'image exclut partiellement la pensée de telle sorte que le monde n'est alors plus que parlé, dit, relaté, songé, médité, ce que tout au plus l'homme peut humblement faire devant la nature. Acceptation d'un sommeil.
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Il y a des compréhensions qui ne sont compréhensibles que dans le temps de leur déroulement, rien ne peut les maintenir une fois sorties de leur développement, de leur allant. L'image est à la fois support, coffre, et résidu de cette activité évanescente. Disparition, maturité de l'apparition.

David Brunel, Au bord du visible, l'indicible, Notules sur la représentation en général et la photographie en particulier, Les éditions de la nuit, 2010.

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