Il est presque plus naturel de parler photographie et littérature que photographie et peinture. Parce que la photographie est à la fois un journal intime et un récit. C'est un art qui peut être très romanesque! Mais on peut se poser la question de savoir comment ce lien commence.
A mon sens, c'est presque par la philosophie, qui est une manière de littérature, qu'il faut commencer. Avec Feuerstein, pour être précis. Ce philosophe allemand assez connu du milieu du XIX siècle, n'a pas parlé directement de photographie. Cependant, dans un de ses textes, il s'attache à condamner les nouveaux sophistes - qu'il aurait aussi bien pu appeler les nouveaux copistes- en ces termes: ce sont ceux "qui préfèrent l'image à la chose, la copie à l'original, la représentation à la réalité, l'apparence à l'être"! C'est très platonicien tout cela, mais c'est à mettre dans le cadre de cette réflexion, où le photographe va apparaître, avant même qu'il n'existe, comme une manifestation déterminée du positivisme !
C'est d'ailleurs, sans aucun doute, ce qui va provoquer la férocité de Charles Baudelaire, lequel est aussi antipositiviste qu'il est possible de l'être. Celui-ci en veut, enfait, à cette représentation beaucoup trop méticuleuse qu'est le daguerréotype qu'il condamne en disant que ce ne peut être qu'une humble servante des arts permettant d'avoir une vision exacte et tyrannique de la réalité.
Mais il ne faut pas oublier que Baudelaire s'est fait beaucoup photographier! Qu'il a cru très fort au calotype, cette photographie sur papier qui ménage des sacrifices, permet l'escamotage, le flou... Et quand on dit que Baudelaire est hostile à la photographie, on a tort d'être aussi catégorique !
Il est hostile à ce qu'il appelle le refus de l'imaginaire, mais en même temps, il dit de la photographie qu'elle est la capture de la lumière et le miroir de la mémoire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire