Rubriques : lecture de photographies ; psychologie du photographe
Dans
toute photographie, quel qu'en soit le sujet, et aussi anodin soit-il
ou aussi éloigné qu'il paraisse d'une imagerie érotique, il y aurait le
fantôme, dans le visible enregistré, de ce qui ne doit pas être vu, de
ce qui doit rester caché, voilé et que la photographie peut dévoiler,
révéler, donner à voir, donner à toucher. Evidemment, cette
aimantation pornographique de la photographie devient toujours plus
forte à proximité de la représentation des corps: dès qu'un être humain
est à l'image, photographié, et fût-il habillé de pied en cap pour
affronter l'hiver le plus rigoureux, c'est son intimité la plus secrète
que la photographie vise et vers laquelle elle s'oriente infailliblement
comme un radar, c'est cette couche cachée de l 'image, sous d'autres
couches -les vêtements, l'attitude, la culture - que la photographie
tente de toucher... (...) Et ce point de vue dût-il être
taxé d'abusivement masculin, je dirai qu'au fond de toute photographie,
cachée dans un paysage, ou allongée à côté d'une coupe de fruit, hors
champ, ou prolongeant indiscrètement le corps mis à nu sous un portrait,
ou en reflet dans le regard d'un homme, c'est toujours une femme nue,
exhibant sa nature, que toute photographie contemple, c'est du con
qu'elle voit l'îcône."
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| Jean-Louis Bec, Montferrier-sur-Lez, 1999 |
Alain Fleischer, La pornographie, une idée fixe de la photographie, La Musardine, 2000 |
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