Blog proposé par Jean-Louis Bec

jeudi 24 février 2011

Des parcelles de vie


Rubrique: psychologie du photographe

Est-ce la photographie, comme objet, qui capte l'air du temps, ou bien faut-il en donner tout le mérite au photographe, dont la manière de regarder s'imprimerait sur le papier sensible?

- Charles Henri Favrod: Il n'y a aucun doute que le photographe est incorporé à l'image, que sa manière de faire, sa façon de voir et de se révéler lui même par rapport à ce qu'il révèle s'y trouve également.
C'est ainsi que, parfois, on peut reconnaître des images non signées par la manière dont elles sont faites. On se trompe peu ou pas. J'ai ainsi tendance à dire que la photographie est toujours un autoportrait.
Et puis il y a aussi une chose étrange qui est incorporé dans une image, c'est le regard du photographe. Autrement dit une parcelle de vie du photographe est incluse dans l'instant saisi. La fameuse "pellicule d'être" balzacienne, arrachée à chaque fois qu'une photographie est prise, n'est pas tellement celle du personnage représenté, mais celle du photographe qui le capte.

Robert Frank, Les américains, 1955-56

Charles-Henri Favrod et Christophe Fovanna, Comme dans un miroir, Entretiens sur la photographie, Infolio édition, Suisse, 2010.

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